Un ingénieur appelle à adapter la méthode « CEBTP » aux conditions du Burkina pour des routes de qualité
Selon l’ingénieur de conception en génie civil de l’École nationale des travaux publics du Burkina, Hubert Bowendsom Tapsoba, la méthode du CEBTP utilisée pour la construction des routes présente d’importantes insuffisances, ce qui justifie la nécessité de l’adapter au contexte burkinabè pour obtenir des routes de qualité.
« La méthode CEBTP, qui est la plus utilisée en Afrique subsaharienne, malgré ses forces, n’intègre pas un certain nombre de paramètres, ce qui entraîne des dégradations précoces des infrastructures routières dans notre pays », a déclaré l’ingénieur de conception.
À en croire M. Tapsoba, en dépit des causes naturelles de dégradations des chaussées, les paramètres utilisés par la méthode CEBTP ne garantissent pas la durée de vie des chaussées en raison du trafic important.
L’ingénieur de conception reproche à la méthode de ne pas intégrer les « caractéristiques mécaniques et le comportement des matériaux ».
Selon l’impétrant, cette méthode du Centre expérimental de recherches et d’études du bâtiment et des travaux publics « sous-estime le trafic en ne prenant en compte que 30 % du trafic total comme poids lourds et une surcharge de 10 % pour proposer la classe du trafic », ce qui ne permet pas d’évaluer la valeur réelle de l’agressivité du trafic.
Il fait également remarquer que la méthode ne prend pas en compte les modules de rigidité ou modules élastiques des matériaux, qui devraient permettre à une structure de chaussée de retrouver sa forme initiale après le passage d’un essieu.
Pour pallier ces différentes insuffisances, le spécialiste propose d’utiliser le logiciel Alizé, qui permet de vérifier, de dimensionner et de corriger les structures de chaussée proposées par ladite méthode.
À en croire l’ingénieur, cette application prend en compte des paramètres tels que le trafic et son agressivité, la qualité des matériaux et du sol support, les contraintes admissibles et les contraintes induites dans les couches de chaussée.
« Ce logiciel intègre aussi la température dans son dimensionnement », a-t-il précisé.
M. Tapsoba a par ailleurs recommandé à son école de proposer des méthodes et des logiciels adaptés qui prennent en compte la qualité et le comportement des matériaux, ainsi que les paramètres climatiques et environnementaux de notre pays dans les études de construction des routes.
De même, il recommande à l’État d’utiliser la méthode CEBTP pour le dimensionnement des chaussées à trafic léger.
Pour le directeur de mémoire, Lazare Comberé, par ailleurs ingénieur en génie civil et expert en infrastructures et transport, la durée de vie des routes n’est pas seulement liée à la mise en œuvre, mais peut aussi être un problème de dimensionnement dans la conception des routes en raison de la non prise en compte de certaines propriétés des matériaux et surtout des caractéristiques réelles liées au fonctionnement de la structure de chaussée.
Selon M. Comberé, cette étude rappelle la nécessité de revisiter et d’améliorer les méthodes de conception et de dimensionnement dans le but de réduire les dégradations précoces de nos infrastructures routières.
Il a, pour finir, invité les premiers responsables de l’État à faire confiance à ces nouveaux ingénieurs du ministère des Infrastructures dans les différentes études de conception pour des infrastructures routières durables.
Le travail a été jugé recevable par un jury composé du Pr Florent Keno (président), Schadrack Nebié (examinateur) et du directeur de mémoire, qui lui a décerné la note de 18 sur 20.
À l’instar d’Hubert Tapsoba, plusieurs étudiants ont soutenu « brillamment » leurs mémoires ce mercredi 14 août à l’École nationale des travaux publics du Burkina.
Agence d’information du Burkina