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Procès contre la Belgique qui arrachait et cachait, dans des orphelinats, les enfants nés de Belges et Congolais
Cinq femmes parmi ces enfants ont intenté contre la Belgique un procès en appel en responsabilité civile qui a lieu ces 9 et 10 septembre 2024 à Bruxelles.
Les plaignantes sont nées en Afrique entre 1946 et 1950 et ont tenu a dénoncé ce qu’elles considèrent comme un crime contre l’humanité commis durant la période allant de 1908 à la fin de la colonisation en 1960.
Les plaignantes exigent au civil des dommages et intérêts pour le préjudice subi après avoir été débouté en première instance sur la base du principe que « nul ne peut être puni pour un crime qui n’existait pas au moment des faits reprochés».
Les enfants concernés, nés de l’union entre des Congolais(es) et des Belges, désignés péjorativement «mulâtres», sont estimés entre 14 000 et 20 000.
Les Belgique ordonnait à ses fonctionnaires de kidnapper les enfants avant qu’ils ne dépassent cinq ans et de les confiner au Congo ou au Rwanda, dans des foyers alors gérés par des missionnaires.
«Même si ces mulâtres n’étaient généralement pas reconnus par les parents belges, l’objectif était de les invisibiliser, car ils compromettaient le discours ambiant sur la suprématie raciale des colons. Parfois confrontés à la réalité de ces actes de discrimination, les tenants de cette politique évoqueront les bienfaits d’une éducation à l’européenne », note le journal Le Point.
Toujours selon ce journal, les avocats entendent mobiliser une sorte de « jurisprudence Nuremberg». Atteignant pertinemment le point Godwin, ils plaideront qu’il faut appliquer à la politique coloniale d’après-guerre les mêmes grilles de lecture exceptionnelles que celles employées au cours du procès intenté, de 1945 à 1946, contre 24 des principaux responsables nazis du Troisième Reich, accusés de complot, crimes contre la paix, crimes de guerre et crimes contre l’humanité.
En 2019, Charles Michel, alors Premier ministre, avait présenté ses excuses au nom de l’État belge pour l’enlèvement forcé et la ségrégation ciblée des enfants métis au Congo, au Rwanda et au Burundi. Mais, après ces excuses, l’Etat belge n’a pas adopté de loi de réparation. Et, malgré ces excuses, les avocats de l’Etat contestent la qualification de crime contre l’humanité, rappelle pour sa part la radiotélévision belge RTBF
Des pratiques similaires ont également lieu dans certaines colonies françaises.
Agence d’Information du Burkina
Crédits Photos : RTBF