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Panel : Le discours d’orientation politique de Thomas Sankara s’inspire du discours-programme de Daniel Ouézzin Coulibaly (Gouverneur )
« Quand on prend le discours-programme de 1958 du président Daniel Ouézzin Coulibaly, avec tout ce qui y était développé, c’est cela qui a été en partie repris dans le discours d’orientation politique du président Sankara », a affirmé le gouverneur Babo Pierre Bassinga lundi matin à l’université Daniel Ouézzin Coulibaly de Dédougou.
M. Bassinga s’exprimait à l’occasion d’un panel organisé dans le cadre de la cérémonie de baptême de l’université de Dédougou au nom de Daniel Ouézzin Coulibaly.
Il a souligné qu’en 1958, le président Daniel Ouézzin Coulibaly évoquait la spécialisation de chaque région du pays dans une culture donnée, en fonction de ses spécificités. Cette idée est reprise aujourd’hui, a-t-il précisé, « avec le développement des pôles de croissance comme le Sourou Pôle et le Bagré Pôle ».
« Le président Daniel Ouézzin Coulibaly était un homme transversal. Il faut rendre un grand hommage à cet homme », a-t-il ajouté.
Concernant l’attribution du nom de Daniel Ouézzin Coulibaly à l’université de Dédougou, il a expliqué que c’est le ministre en charge de l’Enseignement supérieur qui lui a envoyé une lettre pour suggérer un nom de baptême. « Nous avons proposé trois noms, mais celui du président Daniel Ouézzin Coulibaly était en tête. J’ai mis en place une commission régionale pour travailler sur la question, et son nom a été retenu. Le ministre a validé le choix de la commission », a-t-il précisé.
L’ancien ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation (2017-2022), Pr Alkassoum Maïga, s’est réjoui du choix du nom du président Daniel Ouézzin Coulibaly pour baptiser l’université. Il a rappelé avoir proposé le même nom lorsqu’il était ministre, en même temps que celui du président Thomas Sankara pour l’université Ouaga II. Malheureusement, à l’époque, des ministres s’y étaient opposés en Conseil des ministres.
Le Pr Alkassoum Maïga était l’un des trois panelistes du jour sur le thème : « Daniel Ouézzin Coulibaly, modèle de résilience et d’engagement patriotique ». Il a retracé le parcours du premier président du Conseil de gouvernement de la Haute-Volta, qui fut successivement instituteur, directeur d’école, enseignant en psychologie et pédagogie, responsable associatif et politique, sénateur, député et premier dirigeant de la Haute-Volta.
« Daniel Ouézzin Coulibaly, c’est un combat mené dans plusieurs pays. Sa politique était transfrontalière, il défendait le continent africain. Si on l’avait suivi, peut-être que la confédération qu’on défend aujourd’hui aurait déjà été réalisée », a-t-il déclaré.
Le deuxième conférencier, l’enseignant-chercheur Bakary Traoré, a relevé que toute la vie de Daniel Ouézzin Coulibaly a été marquée par la résilience et l’engagement patriotique.
Il a évoqué sa naissance dans le contexte de la colonisation, marqué par des révoltes comme celle de la Boucle du Mouhoun, ainsi que les violences morales subies à l’école, où les diplômes obtenus par les Africains n’étaient pas considérés comme équivalents à ceux des Européens. Cela, a-t-il poursuivi, a poussé Daniel Ouézzin Coulibaly à prendre conscience et à se battre pour la liberté de son pays et du continent africain.
« Malgré les adversités, il s’est hissé toujours plus haut grâce à son courage, son sens de l’intérêt collectif, sa vision et son idéal pour la dignité humaine », a-t-il ajouté.
Le troisième paneliste, Pr Sanwé Médard Kiénou, a relevé que l’engagement politique de Daniel Ouézzin Coulibaly a été combattu par l’administration coloniale, notamment parce qu’il voulait former les masses rurales et construire des écoles dans les campagnes.
Il a aussi cité ses efforts pour fusionner des partis politiques en vue de créer, en 1956, le Parti démocratique unifié (PDU), premier parti politique d’envergure nationale en Haute-Volta.
Le Pr Kiénou a enfin rappelé que Daniel Ouézzin Coulibaly défendait l’autodétermination des peuples et développait des politiques publiques centrées sur l’intérêt national, avec une vision axée sur le monde paysan.
La journée s’est conclue par une projection de film sur la vie de Daniel Ouézzin Coulibaly, suivie d’une veillée coutumière dans la cour du chef de canton de Dédougou, précédée par la sortie des Timbouani.
Selon le directeur provincial de la Culture du Mouhoun, Dembélé Sanou, cette cérémonie a été organisée pour honorer la mémoire de cette grande figure du Bwamu et transmettre aux générations futures les valeurs portées par la tradition.
C’est le Conseil des ministres, lors de sa séance du 4 avril 2024, qui a baptisé l’université de Dédougou en l’honneur de Daniel Ouézzin Coulibaly. La cérémonie de baptême a lieu ce mardi 10 décembre sur le site de l’université à Souri.
Vice-président du Conseil de gouvernement de la Haute-Volta dès le 17 mai 1957, Daniel Ouézzin Coulibaly a engagé le pays sur la voie de l’indépendance en lançant de grands projets, tels que la création d’une radiodiffusion nationale, la construction d’un hôpital national à Ouagadougou et de bâtiments ministériels.
Sa disparition soudaine, le 7 septembre 1958, n’a pas interrompu le processus de décolonisation, poursuivi par son successeur Maurice Yaméogo jusqu’à l’indépendance du pays le 5 août 1960.
Agence d’information du Burkina
WIS/ata